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Portée par le sentiment enivrant et quasi euphorique de me relier à la nature lors de mes débuts en céramique, j’ai rapidement ouvert les yeux sur la contradiction entre le côté bisounours de cette vision et l’impact véritable de notre activité sur la santé et l’environnement. Mon enthousiasme n’a pour autant pas faibli, mais j’ai orienté mes pratiques et mes choix à mesure que mes connaissances s’élargissaient. Aujourd’hui j’enseigne la technologie de la céramique, ainsi que le « Slow Throwing », car mon approche du tournage a été fortement influencée par le Japon et surtout la Corée.
J’ai opéré une synthèse entre ma découverte de la céramique en Extrême-Orient et ma démarche engagée vers ce qu’on appelle aujourd’hui « éco-responsabilité ». Ma technique de prédilection est le tournage suivi d’une altération. Lorsque je compose mes glaçures, c’est avec un nombre restreint de matières premières. Je travaille des pâtes à grès pour les pièces fonctionnelles, et des mélanges de pâtes à grès et de terres de récolte lorsque je crée mes « poèmes d’argile ».
Ces pièces poétiques expriment ma philosophie de vie, fortement influencée par mes expériences et mes choix dans l’univers céramique. Nos perceptions mentales et émotionnelles sont étroitement liées à notre éducation ou à la société dans laquelle nous avons grandi : un véritable « formatage de notre disque dur » car si nous étions nés ailleurs, nous verrions probablement les choses très différemment. Lorsque nous en prenons conscience, nous pouvons modifier l’interprétation que nous leur donnons – d’après moi c’est là que réside notre liberté.
Alors Artbol : une utopie ? ou une façon de fonctionner innovante, loin des schémas habituels, dans une société qui a besoin de nouveaux modèles d’entraide et de gestion ? Y croire demande peut-être aussi un reformatage – en même temps notre société de consommation ultra-libérale implose et il est urgent d’inventer de nouveaux modèles.

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